Obsèques policières pour Bourguiba
L’Express du 13/04/2000
Le « père » de l’indépendance tunisienne a eu droit, le 8 avril, à des obsèques sous haute surveillance. Craignant des manifestations, les autorités ont, en outre, décidé in extremis de réduire le parcours du cortège. Le cercueil de Bourguiba a dont emprunté un raccourci autrefois réservé aux « morts honteux »… Mais ce qui a surtout choqué les Tunisiens, c’est l’absence de retransmission télévisée en direct. Une décision prise dans la matinée du 8 avril, là encore, semble-t-il, dans la crainte de troubles éventuels. Du coup, la chaîne froncophone TV5, qui comptait sur la télévision tunisienne, a, elle aussi, été privée d’images. Selon l’explication embrassée donnée par l’ambassade de Tunisie à Paris aux responsables de la chaîne, les obsèques n’auraient pas été retransmises en direct par égard pour le « recueillement du peuple »… Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme juge, lui, que les conditions dans lesquelles ont été organisées les funérailles du premier président de la Tunisie indépendante illustrent « l’irréversible évolution d’un système dont l’obsession sécuritaire, les mesures répressives et la conception aberrante de la communication n’ont jamais été si grandes ».